En 1966, j'ai démissionné de l'armée, pour choisir le large et ma foi je ne le regrette pas, car en ces années 60 maudites, il ne faisait pas bon être officier en métropole . Et bizarrement, c'est du jour où j'ai quitté ma grande famille coloniale à laquelle je suis demeuré attaché( de père en fils...) dans cette infanterie de Marine où j'ai connu de sacrés gars, que je me suis passionné pour la géostratégie, car j'ai toujours , depuis le bahut té passionné de géographie et également d'histoire.Ce qui m'a amené dans mes recherches à découvrir des gars d'une pointure peu commune. A ce titre donc, j'ai découvert KAPLAN ( journaliste à "Atlantic Monthly), auteur de plusieurs ouvrages de géostratégie et de relations internationales qui fut longtemps un conseiller discret de la CIA au Pentagone, influençant même la politique extérieure américaine. La conviction de Kaplan était que la géographie influe grandement  sur le sens de l'histoire.

Dans son livre " la revanche de la géographie", qui avait passionné KISSINGER, Kaplan chasse les  certitudes un tantinet obsessionnelles de son viseur. Les nombreux prophètes du "monde plat "et les dingues de la MONDIALISATION du milieu  des années 90, qui pensaient que  les données géographiques étaient les plus pertinentes pour la compréhension de l'évolution du monde. Bien qu'adhérant à cette philosophie, il se prétendait "réaliste". Persuadé que la réalité physique du monde, comme il l'écrit" toile de fond de l'histoire" humaine comme sur un grand écran. Voyageur infatigable mais surtout érudit, il montre , selon lui, pourquoi de la Chine aux Etats-Unis, de l'Ukraine à  l'Allemagne, la politique étrangère d'un pays se déduirait de son territoire. Ses thèses ont vivement impressionné  non seulement les services secrets américains , mais également les militaires influents du Pentagone.

Pour lui, RELECHIR en GEOGRAPHIE, c'est envisager et évaluer les prochaines luttes d'influence. Aussi ses "prophéties" tiendront une place quasi obsessionnelle quand il envisage l'AFFRONTEMENT des Etats-Unis avec la Chine essentiellement. et ses lecteurs ne s'étonneront pas de voir l'Amérique orienter  sa politique extérieure vers la Pacifique. Encore que l'événement russo-ukrainien actuel ne l'avait pas effleuré dans le cadre eurasien, car sans doute considérait-il l'Ukraine comme purement européenne, ce qui se révéla dans la seconde guerre mondiale qui produisit le général soviétique VLASSOV, un  gars génial qui déserta l'URSS pour créer une division SS Nazie!?

Influencé par le géographe britannique HALFORD John MACKINDER, pour qui la civilisation européenne n'était que le résultat de la lutte contre les invasions asiatiques(...)prétendant que si l'Europe est devenu le  phénomène culturel que nous avons connu , ce serait à cause de sa TOPOLOGIE , dont des nations distinctes  finirent par  émerger (...) contre lesquelles  les  peuples           des   immenses et menaçantes  plaines  de  Russie  vinrent buter(...) Cette opposition connue de l'Europe et de la Russie n'est que le schéma qui oppose les puissances MARITIMES  (progressistes? Athènes , Venise, Londres) aux puissances terrestres continentales (réactionnaires?) comme SPARTE ou la PRUSSE)

MACKINDER résume sa pensée par une maxime simple: (( qui contrôle l'Europe de l'Est contrôle le cœur de l'EURASIE et qui contrôle l'Eurasie contrôle le monde.)) Ce sacré Poutine  aurait-il  lu Mackinder? lui dont le rêve justement est de créer une EURASIE? Auquel cas tout devient clair sur sa politique de GRANDE RUSSIE...ou HEARTLAND... .Succédant aux années 90, la Russie affaiblie , humiliée par l' implosion de l'URSS, trouva en Poutine l'ultranationaliste héritier du TSAR plus que de STALINE. Ce dernier n'a jamais réussi à accéder  aux mers chaudes (TURQUIE, IRAN, Syrie) , alors que Poutine par son alliance avec la Syrie a pris pied en Méditerranée avec sa base aéronavale de LATROUS. Vieux rêve fondamental de la psyché russe.

A suivre