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Mayotte (suite 5)
Le matin venu, je retrouvais mes deux Nassur. Nassur 1 tenait manifestement à écouter mon questionnaire car il demeura assis à sa table très attentif. (( Bon commençais-je, alors Nassur (N° 1), ces véhicules?))- Nous en avons deux, me dit l'air ravi Nassur 1, une Renault en plastique, état très moyen et une camionnette peu brillante. D'ailleurs mon collègue Nassur pourra mieux vous en parler que moi, n'est ce pas monsieur Nassur?- L'interpelé devient gris On dirait qu'il y a comme un défaut. Alors lui dis-je, de quoi s'agit-il? (( C'est simple monsieur, Nassur fait du trafic avec cette camionnette, transport de matériaux divers, souvent taxi payant bien sûr))- C'est purement occasionnel, monsieur.- (( Attendez moi un instant , puis j'appelle la gendarmerie en annonçant la couleur: pouvez me dire si vous savez que Nassur de mon service utilise la camionnette du service à des fins personnelles?))
Réponse de la gendarmerie: et comment ! Nous l'avons épinglé je ne sais combine de fois, un coup c'est le député qui intervient , une autre fois un conseiller. Ce type est intouchable... Nous ne servons à rien avec ce gars protégé.(( Merci messieurs, à partir de maintenant amenez moi votre rapport directement.) Dans mon dos , croyant que je ne l'ai pas vu Nassur 1 fait un bras d'honneur à son collègue très abattu. Puis tranquillement je libère les deux larrons et me rend au bureau du procureur de la république. De l'extérieur je les entends s'engueuler.
Monsieur le procureur il fallait que je vous vois concernant mon personnel car chaque jour j'en apprends de belles.((D'abord le fautif c'est votre prédécesseur, une honte pour un enseignant et de plus, chef de service par piston. Il a osé braver monsieur BONNETdont il voulaitlapeau;cetypeestunpervers dégueulasse)) Je viens simplement vous informer en vous priant d'attendre mon signal avant d'agir , car je vous certifie qu'avec moi je ne laisserai RIEN PASSER. (( C'est courageux de votre part, mais je suis sceptique et vous risquez d'y perdre votre latin;)) -(( Je regrette, mais vous ne me connaissez pas encore. Vous ne tarderez pas à être fixé.)) _ ça-a-t-il un rapport avec le fait que la population vous appelle ZORRO? me demande-t-il en riant- (( Peut-être, mais à bientôt monsieur.))
Un cyclone est annoncé et nous tombe dessus brutalement. Pour la composition du plan ORSEC, notre pauvre préfet TOTALEMENT ignorant et voulant me vexer , m'exclut des responsables. Pour comprendre la suite, sachez que Mayotte comprend deux îles, GRANDE TERRE,(capitale Mamoudzou) la plus vaste et habitée et une petite , DZAOUDZI, au climat plus sain, où se trouve la préfecture. Un bac motorisé les unit par un service régulier. Et voilà que le préfet ne prend des mesures aberrantes , du moins en désignation de personnel chargé d'intervenir. Or, en cas de cyclone personne ne peut quitter ni la petite, ni la grande île. Même la Légion dans son fort à DZAOUDZI, petite terre, ne peut bouger, pas plus que la gendarmerie. Or je suis un des rares connaissant la manœuvre , mais habitant Mamoudzou ainsi que le Directeur de l'enseignement avec quelques professeurs. Immédiatement je vois le défaut en j'en préviens le lieutenant-colonel de la Légion , que ce plan ORSEC est une connerie.((Bien sûr , me dit-il, mais il joue au chef et il a toujours raison...c'est Clochemerle))
Me repliant pendant qu'il est encore temps, je rallie Mamoudzou sur le dernier bac; Le cyclone est sévère, soulevant d'énormes vagues jaunâtres dans le lagon, décoiffant toitures et cocotiers avec des pluies diluviennes le vent hurle lugubrement .Les tôles s'envolent en sifflant faisant des nœuds de cravates autour des cocotiers. Des véhicules non amarrés s'envolent , des camions sont roulés et culbutés dans les fossés. Habitant sur une colline de Grande Terre, j'aperçois la rade en folie, que la Royale a déserté pour se mettre à l'abri au grand large, abandonnant le pauvre patrouilleur PATRA au mouillage sautant comme un cabri pris sous des chaînes et des Tonnes avec son équipage prisonnier . Enfin un cargo égyptien de plus de 10000 tonnes, sous pavillon panaméen., que l'équipage mutiné a déserté, à force de se cabrer, rompt son mouillage et s'échoue en petite terre.
A suivre
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