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Le sabordage de la flotte à Toulon en 1942
Diable ! Quel titre! Pourquoi un rappel si tragique? Parce que la marine française qui était la plus moderne et la plus puissante d'Europe en 39-40 n'a pas servi à faire la guerre contre les nazis , mais faillit bien servir aux ordres des nazis, mais que par honte sans doute, malgré la haute cour de justice en 1946, les Français ont oublié ou n'ont pas su la vérité sur cette infamie. Car le suicide collectif d'une marine est une infâmie en temps de guerre. Une flotte ne se suicide pas sans combattre jusu'au bout. Ce qui est arrivé en 1918 à la flotte allemande VAINCUE, ne peut être comparé. La flotte française, par discipline, n'a pas combattu l'ennemi; elle n'a pas été vaincue.
Dans une enquête minutieuse, Henri NOGUERES a écrit: "le suicide de la flotte française à Toulon, chez Robert Laffont, dont je vais vous citer quelques extraits expliquant les origines de cette tragédie et dont je vous recommande vivement la lecture.((A l'aube du 27 novembre 19, la majeure prtie de la flotte de guerre française, au mouillage dans la rade et le port de Toulon, recevait l'ordre de se saborder.Quelques minutes plus tard, retentissaient les premières explosions, s'élevaient les premières colonnes de fumée noire: la plus spectaculaire (( opération suicide)) de l'histoire de la marine de tous les temps et de tous les pays était déclanchée. Les Allemands qui avaient monté une manoeuvre dans le but de s'emparer des bâtiments français, assistaient avec une rage impuissante, au sabordage.
Bilan: une CENTAINE de bâtiments de guerre sabotés et sabordés; une perte globale de 232.263 TONNES ! Alors que le 1° juin 1916, au lendemain de la plus meurtrière bataille navale de la guerre- le combat du JUTLAND- les pertes ADDITIONNEES des flottes britanniques et allemandes n'atteignaient que 174.698 tonnes soit les 3/4 du tonnage perdu à Toulon ! Dans les vingt-quatre heures d'une même journée, cette tragédie se déroule dans un unique et grandiose décor: la rade et le port de Toulon.
Tragédie- comme toujours- qui nest qu'un aboutissement. Et il serait vain d'en entreprendre le récit sans en avoir d'abord, évoqué les CAUSES... même et SURTOUT si sur celles-ci, les avis ne concordent pas toujours...
L'ARMISTICE
De tous les événements dont on a pu dire qu'ils se trouvaient plus ou moins à l'origine du sabordage, se situe l'armistice de juin 1940. C'est le général De Gaulle qui le premier, dès le 27 novembre 1942, établit, entre le diktat de RETHONDES et l'acte que venaient d'accomplir les marins à Toulon, une cause à effet : ((En un instant , dit il, les chefs, les officiers, les marins virent SE DECHIRER LE VOILE ATROCE QUE, DEPUIS JUIN 1940, LE MENSONGE TENDAIT DEVANT LEURS YEUX.)) En incriminant ainsi l'armistice , il ne faisait que déduire de ce qui venait de se passer à Toulon le bien-fondé des accusations qu'il n'avait cessé de formuler depuis sa "réponse au maréchal Pétain le 26 Juin 1940: ((armistice déshonorant! ... mettant à la discrètion de l'ennemi une flotte française INTACTE ! ( discours du 2 juillet 1940)) Ses accusations reposant sur les termes mêmes de l'ARTICLE 8 de la Conventionfranco-allemande d'armistice.
Article 8
La flotte de guerre française, à l'exception de la partie qui sera laissée à la disposition du gouvernement français pour la sauvegarde des intérêts français dans son empire colonial, sera rassemblée dans des ports à déterminer et devra être démobilisée et désarmée sous le contrôle de l'Allemagne ou de l'Italie respectivement. La désignation de ces ports sera faite d'après les ports d'attache du temps de paix des navires. Le gouvernement allemand déclare solennellement au gouvernement français QU'IL N'A PAS L'INTENTION D'UTILISER PENDANT LA UERRE A SES PROPRES FINS LA FLOTTE FRANçAISE stationnée dans les ports sous contrôle allemand, sauf les unités nécessaires à la surveillance des côtes et au dragage des mines. Il déclare en outre solennellement et formellement qu'il n'a pas l'intention de formuler de revendications à la 'égard de la flotte de guerre française lors de la CONCLUSION DE LA PAIX. Exception faite de la partie à déterminer de la flotte de guerre destinée à assurer la sauvegarde des intérêts français dans l'empire colonial, TOUS LES NAVIRES DE GUERRE se trouvant hors des eaux territoriales françaises devront être RAPPELES en France.
Paul Reynaud , au cours d'une dernière entrevue avec son successeur, le maréchal Pétain, après avoir eu connaissance de la clause navale de l'armistice, demanda à parler devant l'amiral DARLAN, depuis le 16 juin , non seulement en sa qualité de ministre de la marine et commandant en chef des forces navales., mais surtout parce qu'il avait assisté le 19 juin à une réunion à laquelle il avait donné aux deux homes qui assumaient alors en Angleterre les responsabiliés navales: le Premier lord de l'Amirauté, ALEXANDER et le Premier Lod de la Mer, Sir DUDLEY POUND sa PAROLE d'HONNEUR que (( QUOI QU'IL ARRIVE et QUELQUE SOIENT LES CIRCONSTANCES, JAMAIS NOS BATEAUX DE GUERRE NE SERAIENT UTILISES PAR D'AUTRES QUE PAR NOUS. QU'ILS RESTERAENT FRANçAIS OU DETRUITS)).
Paul Reynaud à Darlan:(( il vous convient cet article 8?)) Darlan pâlissant , répond:((La question va être à nouveau examinée par la Commission d'armistice. En tous cas un ordre sera donné pour qu'en aucune circnstance la flotte ne tombe entre les mains de l'ennemi)) En réalité, Darlan lui-même était pessimiste et avait suggéré un amendement stipulant que les navires seraient "désarmés dans les ports d'Afrique du nord ou les colonies" , c'est-à-dire hors de portée des Allemands. Requête qui fut évidemment refusée par Hitler qui avait déjà d'autres idées en tête comme nous le verrons plus loin. Comment expliquer que Darlan ait pu déclarer que bien que cet article serait maintenu, tous les navires de quelque importance que ce soit, seraient basés en Afrique du nord, et que les "ENGAGEMENTS TENUS ENVERS NOTRE ALLIEE SERAIENT SCRUPULEUSEMENT TENUS?.
Demander l'armistice en VIOLANT l'ENGAGEMENT D'HONNEUR PRIS PAR LA FRANCE ET L'ANGLETERRE, le 28 mars 1940 à Londres, de ne pas TRAITER SEPAREMENT AVE L'ENNEMI COMMUN, c'était d'avance faire savoir à Hitler que l'on ACCEPTERAIT SES CONDITIONS. Dans l'état d'esprit du nouveau gouvernement à Bordeaux le 16 juin , il n'était plus question d'envisager une rupture des pourparkers avec les nazis. Darlan , à la différence des généraux, s'était rallié le dernier, de justesse au parti de l'armistice, et n'allait pas AVANT LONGTEMPS_ Avant que la victoire finale d'Hitler lui apparut moins assurée- CHANGER DE CAMP ( comme on le vit au moment du débarquement anglo-saxon en Afrique du nord...)
A suivre