• La politique française,coutes, notes blanches et fiches (suite3)

    Comme prévu voici mon expérience personnelle sur le sujet. Comme vous savez , j'ai commencé la  seconde guerre mondiale à 15ans, juste après mon premier Bac au Lycée THIERS à Marseille. C'était en 1942, avant que les nazis n'occupent toute la zone dite libre. Démarrer une carrière militaire à cet âge c'est inhabituel et ça vous suit toute votre vie, car votre adolescence y a été sacrifiée et elle vous manquera. En outre connaitre la guérilla alors que vous n'étiez qu'un petit scout idéaliste à la sortie du bahut, que votre éducation , disons bourgeoise vous a préservé, ça fait mal. J'ai conté cette aventure dans la Saga d'une génération sacrifiée, de façon en général. à laisser un témoignage à mes enfants qui s'en foutent d'ailleurs complètement.

     Rejoignant la 1° Armée française pour le débarquement en Provence en 1944, je participais à la libération de Marseille dans la section de reconnaissance du 7°RTA de la 3° DIA commandée par le célèbre Général de MONSABERT. La discipline de l'Armée d'Afrique de l'époque avait de quoi rendre bègue un gamin de 17 ans , même après  3 ans de guérilla, mais qui n'avait rien de commun. Comme je n'étais que tirailleur de deuxième classe, seul soldat européen de ma section je ne vous dis pas ce que je dus endurer avec mes camarades algériens et les officiers et sous-officiers pieds noirs, tous appelés ou rappelés. S'être volontairement engagé était considéré comme une tare, et j'étais déjà tenu comme dérangé. J'avais en effet refusé de rejoindre CHERCHELL, l'école d'élève-officiers, car je voulais poursuivre la guerre jusqu'au bout, tellement je pensais avoir un compte à régler avec les nazis. Or si j'avais été à Cherchell , je risquais de louper la fin de la guerre , ce qui m'aurait frustré.

    Bref ces longs prolégomènes pour vous situer le bonhomme. En fait , j'aurais du préparer l'Ecole Coloniale pour devenir administrateur des Colonies comme mon père. Ayant laissé mes tripes en Afrique, j'étais plus africain qu'européen et mon pays était le Sénégal. Bref, après une remontée rapide de la vallée du Rhône, nous abordâmes les Vosges en hiver, car ayant progressé trop vite, la logistique n'avait pu suivre pour nous, donc nous n'avions plus de carburant et les munitions commençaient à manquer, ce qui fait que nous dûmes franchir toutes  les Vosges, le plus souvent à pieds, par des températures de moins vingt degrés, sans équipement d'hiver jusqu'au seuil de l'Alsace... Sans passer par quelque peloton que ce soit , je  fus nommé caporal , puis sergent et l'armistice me trouva comme Sergent-chef de section à STUTGART.A dix huit ans j'étais un ancien combattant qui ne savait rien faire d'autre que la guerre. A l'époque , j'en avais tellement bavé que je ne comptais pas faire une carrière militaire.

     Ce sont les généraux De LATTRE et MONSABERT qui m'ont persuadé que la carrière d'Administrateur colonial serait compromise, car ils pensaient, avec raison (ce que nous étions loin d'imaginer en 1945...), que nous assisterions à le fin des Empires coloniaux... Donc ils me conseillèrent de préparer COËTQUIDAN le nouveau Saint Cyr implanté en Bretagne. D'autre part , ce que je vis en France à mon retour d'Allemagne m'écœura tellement que je pensais m'expatrier à l'étranger, ce que ma famille considéra comme une désertion...

    Dés ma sortie de l'Ecole d'Application d'AUVOURS, comme sous-lieutenant, je fus chargé d'une mission excédant mon grade et me posant des problèmes non prévus à l'Ecole militaire; avec deux cents hommes et deux automitrailleuses, il fallait ouvrir les accès de Marseille bloquée par les grévistes de la CGT, qui avaient monté des barricades sérieuses, sur lesquelles flottaient les drapeaux  rouges à l faucille et marteau. Avec la chance qui m'a suivi , je parvenais sans un coup de feu à détruire les barricades et à mettre en fuite les braillards dont certains étaient armés. C'était en 1947. Rebelote à Toulon où ce fut plus musclé et où il y eut de la casse chez les grévistes, toujours sans un coup de feu. Je n'avais pas prévu de servir de CRS ou de gendarme mobile, métier qui ne m'inspirait pas, et je fus muté en Algérie sans félicitations"(euphémisme)

    Dans ma carrière je ne fis jamais de politique , je ne me suis jamais inscrit à aucun parti politique. Malgré d'amicales pressions de certains camarades j'ai décliné l'offre de d'entrer chez les Francs-maçons. J'ai toujours été un électron libre remplissant mes missions parfois "border line", car notre génération en a vu de toutes les couleurs, d'autant que jeunes officiers on nous a souvent confié des postes d'officiers supérieurs au feu. Mon caractère évidemment me posa parfois des problèmes relationnels, sans plus. J'étais plutôt fait pour des missions individuelles et spéciales, que certains généraux m'ont confié ,  ce que j'ai fait, alors que je n'avais aucun intérêt personnel, ni avancement, ni décorations à gagner,( celles que j'ai reçues le furent en combat régulier) , mais parce que l'aventure m'a toujours plu. Je n'ai cependant pas été membre des services secrets, je n'ai jamais été condamné dans l'armée en dehors de jours d'arrêts bénins, ni dans le civil quand j'ai démissionné de l'armée pour la Jeunesse et les sports, ni dans le civil où j'ai même été décoré en qualité d'organisateur de Jeux olympiques ( Jeux de l'amitié à Dakar).

     

    Le ministre des armées ,Pierre MESSMER a découvert mon existence au moment de ma démission qu'il refusa dans un premier temps, après m'avoir proposé de me faire une carrière, alors que je venais de quitter l'armée sénégalaise, mais c'était  trop tard. D'ailleurs en 1966, beaucoup d'officiers sont restés dans l'armée pour la GAMELLE. Il ne faisait pas bon circuler en ville dans la région parisienne en tenue...Il fut même question un moment de monter des syndicats  pour les hommes de troupe. ( Ambiance!) J'étais second du colonel  BELLEC commandant le Régiment de Marche du Tchad et j'ai connu des moments pénibles dont je parle dans mon bouquin de témoignages. La France commençait à décliner de façon inquiétante...

    A suivre 

     

     

     

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