• Enseignements de l'histoire en matière de théories militaires

    A l'âge de 14 ans, j'avais lu Jules césar, Basil LIDDEL HART,  Napoléon , De Gaulle et un historien Tchèque dont je ne me souviens plus du nom. En outre mon grand père paternel, vieux marsouin ayant participé aux guerres de conquête du Tonkin et de Madagascar, qui m'a éduqué à la prussiénne, m'avait motivé quant à la "chose", plus guerriére que militaire à proprement parler. Je dirais même que l'extrême discipline à laquelle  je fus soumis ne risquait pas de me donner envie d'envisager une carrière militaire. Bref, ces prolégomènes pour entrer dans notre sujet de ce jour. Sur le tapis de l'appartement de mes grands parents, je jouais avec des chars, made in Germany ou Japan, des obusiers et canons solido, des camions camouflés, et une pléiade de soldats de plomb. J'étais fasciné par la guerre de MOUVEMENT  dont les chars étaient les animateurs. J'avais suivi avec passion la guerre civile espagnole, constatant avec effroi la redoutable efficacité de la Légion KONDOR nazie. Non seulement je manipulais mes chars qui grimpaient partout en lançant des étincelles, mes obusiers Solido tirant de petits obus qui atterrissaient parfois sur les buffets ou commodes , au grand dam de ma grand mère effrayée par le bruit et les dégâts  causés aux divers bibelots et autres souvenirs malgaches.

    Ayant participé en 1944, aux opérations du débarquement en Provence dans une division d'infanterie mécanisée de la première armée française, j'ai connu l'exaltation de la BLITZKRIEG, souvent en tête dans la section de reconnaissance de mon règiment d'infanterie, suivie par les automitrailleuses et autres blindés légers de cette division inter-armes, groupement tactique , etc. je fus convaincu que Liddel Hart et De Gaulle avaient vu juste, mais les guerres suivantes m'ont appris qu ce qui fut valable "un certain temps", durant la seconde guerre mondiale et dans des terrains particuliers, ne pouvaient pas valider à l'avenir SYSTEMATIQUEMENT ces brillantes théories d'avant guerre, ne serait-ce qu'en étudiant les choix BUDGETAIRES et TECHNOLOGIQUES d'après 1945.

    De tous temps la guerre a TOUJOURS COÛTE CHER, jusqu'à ruiner les Etats les plus puissants. A mes yeux, c'était surtout la puissance INDUSTRIELLE américaine qui avait vaincu l'Allemagne. Certes en usant de forces blindées... inférieures en qualité aux chars ennemis, mais à la conjugaisons d'actions organiques inter-armes MASSIVES. Les soviétiques quant à eux, sans l'AIDE  américaine massive qu'ils reçurent des Etat-Unis, n'auraient pu vaincre le monstre nazi, bien qu'engageant des masses blindées sans soucis des pertes.

    L'idée de la suprématie absolue des divisions blindées organisées autour du CHAR, paré de toutes les vertus et  surtout de PERMETTRE SEUL, D'EVITER DE LONGUES GUERRES D'USURE comme en 1914-18 a finalement échoué. Et ce qui avait réussi en Pologne en 1939, puis en France en 1940, et enfin en 1942, lors des débarquements alliés en AFN, puis en Italie, ne serait plus possible. Car si les chars tactiquement bien utilisés,  ont pu, engagés en masse comme bêliers principal réussir à PERCER, c'est parce qu'à l'époque la lutte anti-char au début de la seconde guerre mondiale n'avait pas été organisée, ni équipée des armes redoutables comme les panzer-fausts et autres obus à charge creuse., champs de mines, etc. Même en 1944, en Normandie,  les Britanniques et les Canadiens, avec des unités blindées rodées et d'une bravoure reconnue, en ont fait l'amère expérience devant CAEN, échouant avec des pertes sévères, obligeant l'aviation et l'infanterie à intervenir puissamment pour percer le dispositif allemand.

    Personnellement témoin en 1944, en Provence,  d' un véritable carnage de lourds blindés allemands par les escadrilles de chasseurs bombardiers alliés interdisant la Nationale 7,  je fus ébahi par la redoutable efficacité de ces "charges aériennes" dont les projectiles soulevaient souvent les chars Tigre, les retournant  ou  les décapitant couramment. L'infanterie  apparut alors par la suite comme elle le fut souvent dans l'histoire, en  reine des bataille pour la percée, appuyée par l'artillerie et l'aviation. Ce sont les UNITES MECANISEES qui constituèrent alors le coeur des assauts; les blindés exploitant ensuite la percée. Ce sont  les GROUPEMENTS TACTIQUES INTER-ARMES " ORGANIQUES" qui ont vaincu à terre., composées d'une proportion importante de fantassins.

    La guerre d'Indochine devait m'enseigner bien d'autres théories, dont celle de la guerre "populaire TOTALE". Sans blindés , ni aviation, le Viet Minh nous a vaincus... En IRAK, les Américains ont pulvérisé l'armée régulière irakienne , en temps record, en y mettant le paquet, mais après la victoire ce fut à nouveau la GUERRE d'USURE PREPAREE. Tout comme  dans les guerres napoléoniennes lors de la campagne d'Espagne et en Russie. L'engagement des populations MOTIVEES est capable de déjouer  les meilleures armées. Les armes individuelles modernes ont donné à l'individu, un nouveau  potentiel de destruction redoutable, que ce soit contre les blindés et les avions. La stratégie d'un GIAP fut exemplaire.A la guerre le MENTAL est une armé suprême.

    Mais, sans une puissante LOGISTIQUE bien ADAPTEE et ORGANISEE à TEMPS l'efficacité des forces s'inclinera devant une autre logique, combinaison de GUERRE ASYMETRIQUE et GUERRE CONVENTIONNELLE. De même que la Théorie de la guerre aérienne totale de DOUHET  fut également un échec. Les effets destructeurs sont terribles . L'Angleterre et l'Allemagne en particulier connurent des dévastations inouïes, des pertes civiles énormes,mais insuffisantes pour à eles SEULES gagner la guerre. Idem au Viet Nam...

      

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