• Tonton et la France-Afrique

    Un titre susceptible de désigner une BD. Avant d'accèder au pouvoir en 1981, Mitterrand et ses sbires avaient proclamé que dès qu'ils seraient aux affaires, la"France-Afrique" de De Gaulle et son féal   FOCART serait bannie à jamais tant que les socialistes seraient au pouvoir. Aussi installa-t'il à la Coopération un homme résolument hostile à ce protectorat, Jean-Pierre COT, proclamant urbi et orbi "l'Afrique aux Africains". De même installat'il au Quay d'Orsay le célébre Claude CHEYSSON peu décidé à respecter les traités d'assistance que Jacques CHIRAC avait signé en 1976 en qualité de  Premier Ministre avec Djamena: en fait, un accord de coopération militaire avec le Tchad. Mais pourquoi cette piqûre de rappel?

    Simplement  pour comprendre les évènements actuels dans le Sahara et le sahel, il faut en connaître le passé. Aussi vous conseillerais je de lire absolument l'édifiant et courageux bouquin du colonel  "SPARTACUS", "OPERATION MANTA" aux éditions Plon. Ce colonel a eu le courage de démissionner. Mais revenons à nos moutons;

     les nouveaux chefs d'Etats africains habitués aux "manières" des deux premiers Présidents ayant succédé à De Gaulle, se demandent comment vont se comporter les nouveaux venus. D'autant que ces indépendances quasiment toutes prématurées (je rappelle qu'en 1960, je fus réclamé par Léopold Sédar SENGHOR au général De Gaulle pour la création de l'Armée Sénégalaise. (Cf. la saga d'une génération sacrifiée.) Début 1981, HISSENE HABRE prépare depuis le Soudan sa reconquête du Tchad. Giscard d'ESTAING encore au pouvoir l'assure de so appui. De même que la CIA dont les dollars exercent toujours une "certaine" pression dans le tiers -monde. Pour de nombreuses raisons, stratégiques, minières et pétrolières, la France demeure l'alliée principale de Hissène Habré. Plusieurs officiers du SDECE sont tombés  au champ d'honneur pour le Tchad. Le 10 mai 1981, Habré saisi d'une inquiétude légitime, pense qu'il va devoir affronter seul la redoutable adversité qui l'attend du fait de KADFAFI  préparant encore un coup tordu contre lui. Sans l'assistance promise par la France, il est foutu. En catastrophe il expédie à Paris deux plénipotenciaires pour ménager une entrevue avec un représentant qualifié du nouveau gouvernement.

    Ce sont Guy PENNE ( futur disparu dans un accident aérien,) François de GROSSOUVRE ( futur suicidé) et le nouveau chef du DGES( ex-SDECE sentant le soufre). Ces deux envoyés sont réconfortés, car ces conseillers leur assurent que la politique traditionnelle demeure inchangée. Mitterrand soutiendra Habré!

     Aussitôt reprend il le pouvoir. Mais le nouvel homme fort de la coopération Jean-Pierre COT, à l'occasion d'un séjour au Tchad, qui souhaite un changement radical de politique dans les anciennes colonies, est littéralement ahuri quand Habré lui réclame l'intervention de l'armée française dont il souhaite même  l'installation d'une garnison à N'djaména. Obligé par ordre supérieur de signer un chèque de 20 millions en première urgence, COT déclare qu'il souhaite bien une augmentation de la coopération militaire, mais à condition de l'exclusion de toute présence de soldats français; ce qui ferait désordre au parti. Aussi ne faut il pas s'étonner que COT laisse sa place à un nouveau Pied Nickelé, Christian NUCCI qui se révélera sans état d'âme au service de Tonton quoiqu'il lui ordonnera. C'est alors que Mitterrand décide d'introduire dans le jeu africain son fils Jean-Christophe, sans aucune qualification pour le job et baptisé en Afrique"Papa m'a dit"... le lendemain même de cette conférence élyséenne, Hissène Habré appelle au secours; son adversaire GOUKOUNI  fortement appuyé par Kadfafi vient d'attaquer FAYA-LARGEAU, capitale du nord.

    "Le 13 juin, la Libye a donné le feu vert à Goukouni Ouedeye pour qu'il déclenche son offensive sur Faya-largeau. Les Libyens ont mis le paquet: en plus des armes modernes soviétiques, mitrailleuses lourdes, armes automatiques, munitions, orgues de Staline, camions, citernes de carburant, véhicules 4X4 armés et appui aérien à la demande. le tout à partir de SEBHA et KOUFRA. A Faya, dans la grande oasis, les troupes d'Habré surprises prennent une râclée mémorable, perdant un millier d'hommes, entre morts et prisonniers.

    Le 4 juin,  elles se replient en désordre vers le sud. Comme le contrat signé par jacques Chirac n'a pas été dénoncé par la gauche, le gouvernement socialiste est comme qui dirait sur des charbons ardents. NUCCI est expédié  en CentreAfrique . Habré paniqué, EXIGE avec véhémence un appui aérien de Jaguar et de Mirage, ou au moins la même assistance dont dispose la république Centreafricaine avec les paras "BARRACUDA". La requête d'Habré est alors refusé à Paris. Claude CHEYSSON, dont l'opinion diverge de celle du Président, s'oppose à toute expédition de matériel militaire, à plus forte raison d'appui aérien, tant que  la PRESENCE LIBYENNE n'est pa avérée parmi les troupes de GOUKOUNI... ça commence à faire désordre et quelque peu incohérent: ça chauffe au parti et Tonton est obligé de taper sur la table pour faire éxécuter ce qui a été promis aux tchadiens.

    La Coopération déclenche un pont aérien et le matériel militaire commence à débarquer à Djaména en vue de permettre une contreoffensive. Durant plus de quinze jours les gros avions Hercules 130 de compagnies de"charter", les DC8 d'UTA et de Minerve, remplis d'armement effectuent le va-et-viens entre la france et le Tchad. La facture du matériel livré à Habré qui n'a plus un sou vaillant, s'élève à 385 millions. Tant pis pour la dette! Mais dans l'urgence imposée, l'arsenal est hétéroclite concernant l'armement individuel. cependant habré recevra une vingtaine de blindés AML équipés de canons de 90 m/m, des 4X4, 2000 fusils SIG,des tonnes de cartouches de 7,62, des mortiers lourds,des LRAC anti-chars de 89, du matériel  radio sophistiqué et les fameux missiles sol-sol MILAN. Des bôites de rations, des uniformes, etc.  De leur coté , les Américains veillant au grain, survolent le territoire avec leurs avion d'observation et de commandement AWACS et font un prêtd'une valeur inestimable, 30 missiles anti-aériens REDEYE, équivalents en mieux des SAM soviétiques.

    Mais un armement aussi moderne ne peut devenir efficace qu'entre les mains de soldats instruits et surtout entraînés . Là est le hic. Trois spécialistes américains sont chargés de former des MILITAIRES français qui devront par la suite éduquer eux-mêmes des officiers et gradés tchadiens. Patatras, la chaîne de télé américaine ABC, révèle cet accord, provoquant un tollé à Paris devenu socialo-communiste. Au ministère de la défense, on s'époumonne:(( il n'y a aucun militaire français au Tchad!)) et même l'ineffable CHEYSSON y va de son frein:(( les équipements expédiés au titre de la coopération, sont simplement accompagnés d'experts CIVILS détachés par les industries concernées. Ils sont chargés d'en faire la démonstration aux personnels auxquels ils sont destinés et de les mettre en condition de marche...)) Le brave Max GALLO fourvoyé en qualité de porte parole du gouvernement déclare:((Il n'y a pas de militaires français  au Tchad. et IL N'Y EN AURA PAS.)) Sans commentaires!

    En vérité , une centaine d'hommes payés par la France vont se battre en encadrement des troupes d'Habré au nom de la république française. A Paris où on n'en est plus à un mensonge près, le gouvernement décide que l'accord de coopération de 1976 servira de PARAVENT à toutes formes d'engagement militaire pour MENAGER LA SUSCEPTIBILITE des "INTELLECTUELS"du gouvernement criant au charron évoquant Guy MOLLET et Robert LACOSTE ces socialistes qui avaient osé engagé la France en Algérie. Mitterrand avait perdu la mémoire; Spécialiste des palynodies, il règnait en monarque, sans état d'âme.

    Le 22 juin, la cellule de crise du gouvernement apprend que Goukouni a repri son offensive. Elle décide d'expédier un très fort contingent d'OFFICIERS et de SOUS-OFFICIERS de la DGSE par le pont aérien pour "accompagner" les fournitures militaires au Tchad. Il est évident que leur mission est d'encadrer sérieusement les braves soldats tchadiens qui n'ont jamais vu autant d'armes sophistiquées. Les cadres  du service ACTION (12°RDP) viennent de CERCOTTES , dans la région d'Orléans. Ils sont entraînés à être parachutés derrière les frontières soviétiques, pour y observer tout mouvement de troupes et surtout, grâce à des appareils radio miniaturisés à  rendre compte de façon indétectable par l'ennemi aux commandants des troupes des FANT. Très vite, ces spécialistes réalisent que les braves Goranes d'Habré sont incapables d'utiliser efficacement l'armemen, les véhicules blindés et le matériel des transmissions;Comme on leur interdit de PARTICIPER DIRECTEMENT au combat (...), ils décident de recruter des MERCENAIRES au service de la République. Contactant à Paris, la société TRANS-OCCIDENTALE, spécialisée dans  ce job qui tend à devenir florissant, ils embarquent un personnage célèbre, René DULAC, qui fut adjoint du non moins célébre BOB DENARD, dont François Mitterrand s'offrira ultérieurement les services en d'autres occasions dont nous aurons l'occasion de parler.

    32 mercenaires seront recrutés, dont certains sont également des contractuels de la DGSE, payés 15000 Francs par mois pour une durée de 6 mois.  Dans l'urgence on procède à l'entraînement et l'instruction sur les armes modernes et d'en faire la répartition. On repeint tous les véhicules couleur sable. Il faut bien essayer les canons, les blindés , les missiles avant de partir au casse-pipe. Entre européens surentraînés ça va vite. pendant ce temps Goukouni progresse et s'empare  d'OUM CHALOUBA, soumise à un bombardement infernal à base d'orgues de Staline BM 16 et BM 21, tirant simultanément 40 missiles. A ce train , deux jours plus tard ABECHE, capitale orientale tombe à son tour. Habré est devenu quasiment hystérique, harcelant Paris pour que la France intervienne par terre et l'air. Paris finira par expédier un escadron de blindés à roues AMX 10, permettant à la nouvelle FANT de reprendre le combat et de pénétrer en force avec les AML dans Abéché où une colonne de Goukounie équipée de 4X4 Toyota  armés de canons sans recul, et de mitrailleuses lourdes bi-tubes  est obligé de se replier. Puis  OUM-CHALOUBA est reprise par une colonne des FANT venus de l'ouest. Enfin les "grandes oreilles" du 13° RDP ayant capté un message des ennemis selon lequel , ils étaient à court de munitions. Le gouvernement socialiste, pour maintenir son paravent charge l'ambassadeut français à Djaména de signer et de payer le contrat aux hommes de DULAC. Dans un premier temps, les FANT vont de victoire en victoire et les TOUBOUS sont mis en déroute. jusqu'au moment où Kadhafi décide d'employer les grands moyens en déployant ses bombardiers Tupolev22, Mig 21, et Sukhoï; Causant de lourdes pertes aux FANT pris au piège. Devant cette situation , les Américains craignant que leurs REDEYE tombent aux mains des  TOUBOUS, rappliquent pour récupérer leurs précieuses armes  anti-aériennes. Livrés à eux-mêmes les troupes de Habré, les mercenaires et les gars de la DGSE se battent courageusement tout en se repliant sans appui car Paris a décidé de LAISSER TOMBER. grâce à des pilotes héroïques d'un Hercules 130 osant se poser dans des circonstances incroyables sur le terrain de FAYA, quelques mercenaires et Habré sont récupérés et rejoignent Djaména.

    Le 10 août, plus aucun européen ou gorane  ne demeure à FAYA. Après un repli, frôlant la déroute mais organisée et courageuse, les survivants regroupés parviennent à rejoindre leurs camarades. Paris a refusé tout appui aérien CHEYSSON terrifié à l'idée d'une guerre contre Kadhafi.

    Durant la guerre d'Algérie, raymond ARON déclara:((l'Histoire est tragique. Une démocratie qui se priverait, tel l'Occident face à Hitler, de l'usage d'une violence limitée visant à étouffer dans l'oeuf la violence systématique ne servirait pas le développement pacifique de l'humanité.))

      

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