• Le procès de Riom (suite)

    En décembre 1936, je débarquai à Marseille  après avoir quitté l'Afrique pour y poursuivre mes études. L'ambiance  glaciale   du  à un mistral puissant et au fait que la mer était gelée dans le vieux Port, se complètait d'une manifestation monstre  des dockers en grève,  fleurant manifestement un climat révolutionnaire , d'autant que la grève générale sévissait à peu près  partout  en France. Pour le gamin plus africain que métropolitain que j'étais, ce fut impressionnant,  car   nous  ne  pumes  pas  débarquer  de  notre  paquebot  dans  la journée. Cette  année devait  avoir une importance  considérable  pour léon  Blum  à  qui le  tribunal  cherchait  manifestement des poux concernant le réarmement de la France . L'Allemagne  quitte  la  SDN  fin  1933 et réarme ouvertement.; ça sent le roussi...

    L'année 1933  marque  en France  un effort  certain   en vue de "LA COEXISTENCE  PAISIBLE" avec  les dictateurs  totalitaires (...) C'est  l'année du Pacte  à quatre. Dès  le début de 1934, une  offre  de  limitation   quantitative  d'armements   est  écartée  par   le gouvernement  français(...) Contre   l'avis  de M. BARTHOU, ministre  des affaires  Etrangères, la  fameuse  note  du 19  avril 1934  est expédiée.(( La France  ne  s'en  remettra qu'à  elle-même  du soin  de   sa  propre   sécurité, ce  qui signifie  que  la Conférence de  Désarmement est  pratiquement close  et Hitler revendique  sa  pleine liberté. Dès  ce  moment, il   eut  fallu réarmer énergiquement,  si l'on voulait  maintenir la "marge de sécurité", à  laquelle on n'avait pas voulu renoncer. Pourtant  en France "il y avait un gouvernement fort qui  disposait  des  pleins   pouvoirs; Gaston  DOUMERGUE  était  président  du Conseil, M. TARDIEU  était   ministre  d'Etat, LE  MARECHAL PETAIN était MINISTRE  DE  LA  GUERRE! Il  n'existait  pas   alors, en   service  dans  nos unités, LA   PREMIERE  TRACE  D'UN  MATERIEL  MODERNE... Qu'a-t-on  fait  cependant? Quelle a été l'importance des crédits? Quel a été  le volume   des    commandes  effectives? Quels  travaux  ont  été  engagés?

    Seul  le général DENAIN, ministre  de l'Air, a   entamé   sans   désamparer l'exécution  immédiate  d'un  vaste programme, mais dans la précipitation   et une totale   incohérence (' l'armée de l'air n'existait que sur  papier, il  était temps  en effet  de penser  à sa création.)  Les  devoirs  de  la  charge ministérielle   étaient   EVIDENTS,  IMPERIEUX. Les a-t-on  remplis?  Pour  en  juger, il  suffit  de se  reporter   à  l'affaire  du 7  mars 1936, DEUX  ANS  PLUS TARD! Rappelez vous l'accent des premières  paroles   prononcées  PUBLIQUEMENT par les représentants de  notre gouvernement, puis  l'AFFAISSEMENT de  la position  française. Une information  complète  vous aurait  appris quel compte  avait été rendu  alors  par les  ministres techniques de  l'ETAT DE NOS FORCES MILITAIRES  (des chasseurs  BLOCH  baptisés "cercueils volants") et  de quel  poids leur  rapport   avait   pesé  sur  la décision- OU ABSENCE DE DECISION-  GOUVERNEMENTALE...

    Cet  incident  dont  les suites  ont  été  si GRAVES, suffit à  montrer dans quel  état de PREPARATION MATERIELLE le  Ministère de juin 1936 a trouvé   l'armée! Votre  instruction   aurait du  dresser  ce  BILAN. On  s'en chargera  sans doute à  votre  place. Mais depuis TROIS ANS PASSES, qu'avait-on fait? Ce  qu'on a  fait ETAIT-IL à l'ECHELLE  DES BESOINS? à l'ECHELLE  DES  DANGERS? Le mode d'emploi  d'un matériel importe   encore plus   que sa quantité.  Pendant la campagne, la caducité, l'inadéquation,  des doctrines de guerre,  des CONCEPTIONS TACTIQUES, ont apparu  AVEC UNE TRAGIQUE EVIDENCE (Blum ne semble  pas  avoir  eu connaissance  des  ouvrages  remarquables de De Gaulle  prêchant  désespérément   la guerre de mouvement  et des blindés dans un totale indifférence, alors que  Pétain y  a toujours fait une  tenace opposition, qui  avait  fait  sourire  les   généraux allemands. C'est  donc  la  conception  de Pétain  qui  fut  appliquée par Gamelin . Dès avant  juin 1936- depuis la première guerre mondiale, on PROFESSAIT, ON PRATIQUAIT DEJA la doctrine des FRONTS INVULNERABLES, LA FOI ABSOLUE DANS  LA FORTIFICATION  et dans  la DEFENSIVE, (mieux!) la méfiance ABSOLUE DES ENGINS BLINDES! Et surtout  de l'emploi  des  GRANDES  UNITES BLINDEES!  Le  scepticisme  vis-à-vis  du  rôle de l'aviation  dans  le  combat (sic) (...) LES DOCUMENTS  FOISONNENT  ET  SOUS   QUELLES  SIGNATURES!!!

    ((Le dossier  établit  précisément  que, à  partir  de juin  1936, nous avons  fait  ce  qu'on n'avait pas  fait  avant  nous,  que   le gouvernement que je présidais a mis en train  un programme d'ensemble, sans commune  mesure  par  l'ampleur et  l'importance  avec  TOUS CEUX Qui nous avaient précédés....)

      S'il n'a pas été entrepris sur un plan industriel plus méthoqique , en partant  des bases  de la production, c'est QU'IL AVAIT ETE MIS EN TRAIN TROP TARD et  ce  démarrage  TARDIF  est  précisément ce qui engage  les  responsabilités  ANTERIEURES  à  JUIN 1936  (notre  général HOLLANDE  ferait  bien   de  lire  ces  pages: avant  qu'il ne  soit  trop tard : la défense  ne  s'IMPROVISE  JAMAIS. IL PORTERA  LA RESPONSABILITE  PLEINE  ET  ENTIERE d'un  amateurisme  qui  pourra devenir  CRIMINEL!)

    A suivre

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