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Ce jour là, le temps passait, et il était bien plus de deux heures du matin, heure à laquelle les troupes américaines devaient arriver dans Alger. Murphy prolongeait la conversation avec JUIN et Darlan autant qu'il le pouvait, en espérant que la nouvelle du débarquement donnerait du poids à ses arguments... mais le temps s'écoula jusqu'à 6 heures, sans que rien ne se passe. Quelque chose clochait... En désespoir de cause, Murphy exposa donc l'affaire dans sa totalité, révéla comment les Alliés avaient traité avec GIRAUD. Darlan hocha la tête avec conviction:(( Giraud n'est pas notre homme. En politique, c'est un enfant, un bon général de division, rien de plus)) malheureusement c'était exact...
Il s'ensuivit un sac de noeuds, car au lever du jour, une étrange situation régnait dans Alger.Les résistants avaient conservé la ville sous leur contrôle 4 heures après le moment prévu pour la relève, quand une cinquantaine de gardes mobiles surgirent mitraillettes au poing pour nous arrêter., croyant que nous étions des Allemands (...) Darllan s'assura du sort de Murphy en le laissant en compagnie de FENARD, chez Juin, puis en compagnie de ce dernier se rendirent au Fort-LEmpereur, QG de l'armée de terre.
Tous doutaient de l'histoire de Murphy. Quand FENARD reçut un coup de fil du QG qu'effectivement les Américains avaient débarqué... Darlan revint vers trois heures de l'après-midi en demandant à Murphy de prendre contact avec le général Charles W. RYDER qui commandait la TASK FORCE de l'Est, se trouvant sur une plage à 15 kilomètres d'Alger. C'était la pétaudière, on entendait des coups de feu un peu partout. Une section américaine progressait en rasant les murs et tirant en l'air... Son lieutenant faisant tenir à distance Murphyen le faisant descendre de sa voiture ornée d'un pavillon tricolore et d'un drapeau blanc. Puis il fut conduit au général Ryder. le général ne connaissait rien dans la politique et souhaitait vivement que le général Mark CLARK ne tarde pas d'arriver de GIBRALTAR. Au QG français, une cinquantaine d'officiers, l'air guindé, attendaient autour d'une table couverte d'un tapis vert, aux extrêmités de laquelle se trouvaient Darlan et JUIN.
Après une brêve discussion, les partie signèrent un cessez-le-feu préliminaire. Des estafettes furent expédier pour mettre un terme aux combats dans le secteur d'Alger. Darlan et Juin avaient également fait appliquer les mêmes mesures dans toute l'Afrique du Nord... pour autant qu'ils seraient obéis... Les résistants félicitèrent Murphy ne se doutant pas à quel point Alger avait été à deux doigts d'être bombardé, ce qui aurait été désatreux, car le planing prévu avait échoué. Une autre erreur se produisit , la task Force avait débarqué à 6 kilomètres du point prévu où l'attendait la délégation chargé de la guider... Cette erreur retarda de 13 heures l'entrés des troupes dans Alger. Il se produisit alors des imbroglios inconcevables en temps normal. Murphy devait seul jouer "la carte Darlan" juqu' à l'arrivée, le lendemain après midi le général Mark CLARK de l'EM d'EISENHOWER.
CLARK atterrit sous un raide de bombardement allemand; un Messerschmidt en flammes se crasha près de sa "fortresse volante" la nuit venue, 25 bombardiers allemands et italiens survolèrent le port accueillis par un tir d'enfer des navires de guerre britanniques. L'hôtel Saint-Georges devait abriter le QG des forces alliées. Ironie du sort, pendant que Clark traitait avec Giraud à Gibraltar, les vénements d'Alger rendaientdéjà caducs leurs arrangements. Il y eut quelques moments pénibles, car darla et Juin reprochèrent à Girau de ma l accorder son violon au reste de l'orchestre (...) ce dont Giraud prit avec une résignation bonhomme. Darlan passa la nuit avec Murphy en conférence et àl'étude d'informations radio. Les messages interceptés étaient déconcertants; c'était la pagaille... souvent contradictoire, souvent tendancieux, car il s'y mêlait de la proâgande nazie. Darlan inquiet , attendait la consigne de Pétain avant sa rencontre avec CLARK, mais Vichy resta muet. En attente de décisions qu'il devait prendre d'urgence Darlan inquiet était mal à l'aise, donnant des signes de fatigue dûs à un manque de sommeil.
Durant les 36 heures, Giraud, apprit avec stupéfaction, au cours de conversations avec des officiers français que la plupart d'entre eux le tenaient pour DISSIDENT et refusaient de se soumettre à son autorité! Tout ce beau monde et Giraud lui-même attachaint une grande importance à la "LEGALITE"... Aussi les alliés furent-ils soulagés d'apprendre que GIRAUD refilait la pate chaude politique à Darlan, ne voulant demeurer que militaire et combattant.
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Les stratéges américains ne pensaient pas que washington puisse dédaigner "la carte Darlan". Murphy n'avait pas l'autorisation d'informer le général MAST de l'appui américain. Aussi était-il pressé d'établir des contacts entre les Etat-majors français et américains. Eisenhower d'accord, demanda que soit fixé une première rencontre SECRETE quelque part sur la côte algérienne; Les Américains pourraient s'y rendre en sous-marin, déjouant ainsi la surveillance exercée sur le secteur par Vichy et par l'Axe. Une ferme isolée, appartenant à Jacques TESSIER, un des associés français de Murphy, près de CHERCHELL à environ 120 kilomètres d'Alger.
C'est là que les Français à la tête desquels se trouvait MAST rencontrèrent quelques Américains commandés pa le chef d'Etat-major adjoint d'Eisenhower le général Mark CLARK. Cette conférence de Cherchell fut des plus bizarres. Les Français ignorant l'essentiel des projets américains... ILs avaient donc avoir des mois devant eux pour préparer le jour J? Alors que les Américains savaient qu'il ne restait que 16 JOURS, et que les premiers convois avaient déjà quitté les Etats-Unis. La discrétion décidée rendit quasi caduque cette conférence inutile. Les représentants de Giraud insistaient pour que leur chef soit reconnu comme commandant en chef . CLARK expliqua que c'était impossible, tant il y avait de considérations techniques et autres en cours. Bottant en touche, il promit d'accorder à Giraud ce commandement dès que possible...
On parla également de DARLAN; CLARK exposa la formule imaginée par Eisenhower pour obtenir une collaboration de Giraud avec Darlan. MAST S'Y OPPOSA ENERGIQUEMENT... L'amiral essayait tardivement de "monter dans le train des alliés" disait-il. Qui n'avaient pas besoin de lui, car GIRAUD rallierait l'armée d'Afrique, l'aviation et la marine suivrait bientôt.(ambiance) Peu d'Américains imaginèrent alors ce que leur aurait coûté une résistance française plus longue...Cette aide militaire et politique fut encore plus utile durant la campagne qui suivit le débarquement. Giraud se voyait déjà commandant en chef d'une armada qui débarquerait ensuite en France continentale (...)Ignorant tout des pénuries de moyens maritimes, et autres, alors que l'effort principal s'exerçait dans le Pacifique. Comment concilier ces deux points de vue tellement différents sans révéler ce qui n' allait pas tarder à se passer?
Il s'ensuivit de véritables sacs de noeuds car Giraud ne réalisait pas la complexité de la situation. Il a fallu endormir Giraud et son entourage pour que l'expédition envisagée réussisse, lui cacher l'existence d'un fort contingent britannique. Giraud pensait que la résistance métropolitaine avait atteint une telle importance qu'il était désormais recherché et soumis à une surveillance constante...Il consentit néanmoins à rejoindre Alger deux jours avant le débarquement...
Le 8 novembre 1942, JOUR J en Afrique, arriva enfin . 800 navires avaient quitté les Etats-Unis et l'Angleterre en plusieurs convois, transportant 110000 Britanniques et Américains vers des plages de débarquement s'échelonnant sur près de DEUX MILLE KILOMETRES, de l'Atlantique à la Méditerranée. Sur le plan militaire, l'opération "TORCH" était partiellement un bluff... Les stratéges estimaient qu'il eut fallu 500.000 hommes au moins pour en assurer la réussite! Au cours de la deuxème guerre mondiale, aucune campagne n'a dépendu d'un aussi grand nombre de FACTEURS IMPONDERABLES. Comment réagiraient les Allemands? et les espagnols? Il fallait espérer qu'entre leur campagne en russie et en Libye, ils ne disposeraient pas d'assez de réserves pour intervenir.
L'impondérable le plus inquiétant, c'étaient en fait les Français; n'avaient-ils pas maintes fois proclamé qu'ils résisteraient à toute invasion? En vérité, si les Français avaient été prévenus à temps, ils n'auraient pas résisté du tout... Mais le commandement décida que la SURPRISE importait plus que de ménager les amis français... L'Etat-major d'Eisenhower débarqua à GIBRALTAR 36 heures avant l'heure H pour s'installer dans les profonds souterrains du rocher. Il était prévu que des sous-marins britanniques débarqueraient sur quelques plages algériennes, VINGT TONNES d'armes modernes légères et d'appareils radio individuels destinés aux combattants clandestins recrutés sur place. le colonel VAN HECKE, patron des Chantiers de Jeunesse, commandait 30.000 Hommes entrainés (Qui organisa le célèbre 7° Régiment de Chasseurs d'Afrique , aux bérets verts, régiment blindé de tank destroyers de la 3° DIA, où je servais moi-même). Chacun sait qu'entre les prévisions et les réalisations en matière d'opérations militaires , il y a toujours des surprises et il n'en manqua pas... Entre autres, GIRAUD n'arriva pas en temps voulu...
GIRAUD n'avait aucune connaissance des projets réels anglosaxons, ni de la situation exacte en Méditerranée.Dans des intentions logiques , deux diplomates chevronnés , conseillers politiques d'Eisenhower estimèrent qu'un contact de Giraud avec Eisenhower s'imposait pour clarifier la situation, décidèrent donc, sans prévenir Alger de l'emmener à Gibraltar!. Bien que louable, cette décision, empêcha Giraud d'être sur place en temps prévu. Prévenu au dernier moment, il refusa d'embarquer sur un sous-marin britannique (sic) Comme il n'y avait aucun sousmarin américain en méditerrané, on désigna un commandant américain le captain JERAULD WRIGHT qui prit le commandement d'un petit submersible anglais, ni vu, ni connu. On était en plein cinéma alors qu'l y avait urgence... Résultat comme Giraud était têtu, il n'arriva que 36 heures après le débarquement ce qui entraina des improvisations HÂTIVES dans les opérations locales.
Pire , non seulement son absence lors du débarquement provoqua des malentendus sanglants, et d'autre part les combattants clandestins ne reçurent pas les armes promises... La perfide Albion avait sans doute lâché car ne faisant pas confiance dans le jugement que portaient les Américains sur les clandestins Français!!! (( Allo! Robert, Franklin arrive)) émettait la BBC signal convenu annonçant le débarquement. Malgré l'absence des armes promises, les résistants s'emparèrent des points clés dans Alger sans trop de bobos. Murphy se rendit alors chez le général JUIN, plus haut gradé,en Algérie et commandant des armées de terre. Il avait compté être accompagné de Giraud. Il fallut parlementer , convaincre et perdre un temps infini, bluffer, taire la présence d'unités, britanniques, etc. Et en définitive consulter Darlan pour le rasurer...,s'ensuivit une pantalonnade pour expédier des messages ,et transmettre des ordres ,aux unités; Un ,message ,fut,expédié à Vichy annonçant que Darlan et Juin étaient prisonniers des Américains!!!
A suivre
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le printemps et l'été 1942, demeura sans réponse aux rapports de Murphy sur les ouvertures que DARLAN avaient faites. Lorsque Londres et Washington commencèrent à mettre à exécution les plans de l'expédition africaine, l'Etat major anglo-américain d'EISENHOWER s'en préoccupa lors du passage de Murphy à Londres. Ceux qui avaient dressé les plans de l'expédition, savaient la FRAGILITE de leur entreprise, pour laquelle il ne fallait négliger aucune aide... Churchill et Roosevelt continuant à guigner la flotte française qui demeurait sous la main de Darlan... Murphy ne put avoir aucun contact avec Darlan, pendant les 9 MOIS qui précédèrent le débarquement. Bien qu'ils se soient trouvés à Alger en même temps. Manifestement Darlan avait évité de le rencontrer. Son fils Alain fit ressortir que son père était étroitement surveillé par des agents allemands...
C'est pourquoi, dans la nuit du 7 au 8 novembre, alors que les troupes alliées débarquaient sur les plages africaines, ON IGNORAIT TOUJOURS si DARLAN PARTICIPERAIT à l'opération (...) Deux raisons importantes avaient empêché de prendre contact avec lui AVANT l'heure décisive: Du coté allié , PERSONNE ne se fiait à lui, en raison des sentiments hostiles qu'il nourrissait à l'égard des Britanniques. En second lieu, il avait été convenu DEUX SEMAINES avant le débarquement que le général Henri GIRAUD ( un héros de la guerre 14-18, que l'on avait fait évader d'Allemagne, ayant été cravaté dans le nord en 1940 ) ferait partie de l'etat-major allié. Les alliés voyaient mal comment Darlan et Giraud arriveraient à s'entendre...
Ils avaient d'abord compter sur WEYGAND, mais après son limogeage, en désespoir de cause , ils s'étaient rabattus sur Giraud. Ils avaient besoin d'un bon chef de guerre connu, qui se contenterait de faire la guerre sans s'occuper de questions politiqueq. C'était en effet un soldat glorieux qui convenait, susceptible de rallier les Français d'AFN, grâce à ses brillants états de service . Il avait conquis une part de sa gloire alors que jeune officier , il servait en Afrique du Nord. Il connaissait bien le pays et les Arabes le respectaient. Il venait de s'évader au printemps 1942 de la forteresse allemande de KÖNIGSTEIN, sur l'ELBE , en Saxe.
Puis il se rendit aussitôt à Vichy pour se présenter à Pétain. Churchill et De Gaulle exaltèrent son exploit à la radio britannique, en en faisant le modèle du patriote français... C'était un battant, s'étant déjà évadé comme capitaine lors de la première guerre mondiale alors qu'il avait été blessé...Giraud n'avait fait aucune promesse à quiconque; ce qui n'était pas le cas des autres généraux français - comme JUIN- qui réfugiés en AFN , avaient juré fidélité à Pétain après avoir donné leur parole d'honneur de ne pas reprendre les armes contre les Allemands (...)
Giraud était libre d'organiser la résistance française en AFN et d'accueillir les forces américaines qu'il attendait avec confiance. Jacques LEMAIGRE-DUBREUIL un des collaborateurs français les plus courageux, était en contact constant avec Giraud qui vivait caché dans le Midi de la France. Lemaigre-Dubreuil, industriel puissant était un vrai Machiavel, ayant ses entrées PARTOUT. Il fournit aux alliés une foule de renseignements de grande valeur en Afrique. C'est grâce à lui que GIRAUD, après de nombreuses rencontres, se décida à participer à cette campagne d'Afrique.
Mais à la condition expresse qu'il s'agirait d'une opération strictement américaine. Dans son esprit, il prendrait le commandement suprême des troupes américaines aussi bien que françaises qui combattraient sur le SOL FRANçAIS. Sa seule ambition était de sauver la saouveraineté française, mais lui donner le commandement n'était pas exactement dans les vues de Roosevelt et d'EISENHOWER... qui fin diplomate décida de surseoir à la nomination du commandant en chef. Quelques jours avant le débarquement, Giraud désigna le général Charles-Emanuel MAST pour le représenter à Alger.
Le 16 octobre, Murphy rentrant de Washington se touva en présence, à Alger, du général Mast, représentant Giraud et l'amiral FENARD rdprésentant Darlan (...) qui tous deux se mirent à la disposition de Murphy ! Le 17 octobre, au nom de Roosevelt, l'amiral LEAHY télégraphia à Murphy de TRAITER AVEC DARLAN!!! Eisenhower improvisa une formule qui, ESPERAIT-IL amènerait Giraud et Darlan à travailler ensemble. Churchill se montra particulièrement enthousiaste à une possible participation de Darlan, déclarant: (( malgré toute l'aversion que j'éprouve pour Darlan, c'est avec joie que je me trainerais sur les mains et les genoux pendant des kilomètres, pour le persuader de joindre SA FLOTTE à l'ensemble des forces alliées.))(sic)
A suivre
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Solidement tinstallé au poste de commandant en chef, non seulement de la marine, mais de toutes les forces armées françaises: terre, air, mer. Darlan avait manifesté une vive anglophobie durant la majeure partie de sa carrière et se déclarait ennemi résolu de De Gaulle, protégé britannique. Darlan se méfiait de la "perfide Albion" (non sans raison) Depuis la conférence navale de 1922, d'où résulta le fameux rapport 5-5-3, entre les marine britannique, américaine et française. Les Britanniques ayant toujours redouté la marine française, s'étaient opposés à son développement ( VRAI). En 1940, Darlan s'était résigné à la victoire nazie, et par discipline... il avait adopté son attitude à cette PERSPECTIVE. Depuis, la Presse britannique et américaine le trainaient dans la boue en le dépeignant comme le plus vil des opportunistes.
Un événement imprévu, son fils également officier de marine venant subitement d'être atteint d'une paraplégie à Alger, Darlan décida de venir à son chevet. Cette arrivée imprévisible devait changer la face des choses dans la situation du moment. Voilà-t'il pas qu'il prévint secrètement Murphy qu'il entendait jouer un rôle dans les opérations franco-am éricaines!? Lui ,le dauphin du maréchal!; Sa proposition n'arriva d'ailleurs pas en coup de tonnerre: depuis treize mois, il faisait des appels discrets aux Américains.. Il avait en France la réputation d'être politicien plus que marin. Conscient de s'être battu pour construire une belle marine par ses manoeuvres dans les milieux politiques, il s'était assuré du respect et de l'admiration de la marine française. Mais c'était encore lui qui avait permis de faire libérer 60000 marins prisonniers après Mers-el-kébir. Aussi était-il tout désigné pour être nommé ministre de la marine par le maréchal Pétain après l'armistice.
En 1941, il était devenu "l'héritier présumptif du vieux maréchal. Aprés avoir évincé son rival Pierre LAVAL, carrément pro-nazi. A l'époque, l'amiral LEAHY représentait les Etats-Unis à Vichy. En dépit de ce métier qui les rapprochait tous deux, l'amabassadeur américain confia à Murphy qu'il tenait DARLAN pour un dangereux arriviste. LEAHY a d'ailleurs écrit: (( je ne pouvais avoir la moindre confiance en lui . Parfait opportuniste faisant de la corde raide entre les différentes puissances en conflit.)) Cependant il ajoutait que si les alliés débarquaient en Afrique du Nord en FORCE suffisante pour vaincre les nazis, il ne ferait aucune obstruction...
Le 14 avril 1942, lorsque LAVAL revint au pouvoir sous la pression allemande, LEAHY estima que sa présence n'était plus indispensable à Vichy. Il écrit: (( mon ultime visite fut pour Darlan dans son bureau de l'hôtel du Parc. S'efforçant de faire bonne contenance malgré son changement de situation , il me rappela que, directement après le maréchal, il avait encore le contrôle de la défense nationale. Une fois encore , il m'affirma que jamais la flotte ne serait utilisée contre les Etats-Unis, mais que s'il souhaitait maintenir des relations amicales avec l'Amérique. Il ne le souhaitait pas avec la Grande Bretagne...
LEAHY parti , DARLAN me fit transmettre ses propositions par son représentant à Alger l'amiral FENARD, il conserevait toujours son commandement sur l'ensemble des forces en Afrique... Il ajouta que l'Afrique française constituait un bloc indépendant qui une fois équipée par les Américains pourrait reprendre les armes contre l'Axe. PRUDENT, Darlan craignait que les Américains commettent l'erreur d'entrer en Afrique avec des forces trop mesurées pour l'emporter d'emblée sur les Allemands. Il n'avait pas oublié le fiasco anglo-gaulliste de Dakar. Dans son rapport à Washington , Murphy signala cette évolution. Darlan semblait désormais convaincu de la victoire finale des alliés; du moins était-ce la fougueuse conviction de son fils ALAIN et de FENARD...
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Les retards de communication dues aux lacunes des Transmissions de l'époque provoquèrent des déceptions chez les Français attendant impatiemment les Américains. Le manque de moyens de transport empêcha la phase prévue en Tunisie, favorisant les Allemands. Murphy , envoyé spécial et "secret" de Roosevelt fut chargé de travailler comme adjoint d'EISENHOWER en qualité de "directeur en exercice" de la section des "Affaires Civiles" et conseiller du général EISENHOWER. Il fut le premier civil dans l'histoire américaine à servir dans l'Etat-Major d'un chef de guerre sur le théâtre des opérations avec accès à toutes les informations militaires.
Ayant été relevé de toute responsabilité envers le Département d'Etat, le Président lui ayant enjoint de communiquer directement avec lui et EISENHOWER, De 1942 à 1943, certains documents importants ne furent pas archivés, contrairement à ce que firent les Britanniques avec leur Foreign Office...Parmi les directives reçues, il s'agissait de sauvegarder la souveraineté française en Afrique afin d'empêcher son invasion par les forces de l'AXE. Aucun changement ne sera envisagé dans l'administration française civile. Toute résistance au débarquement américain sera brisée par les armes.
Les forces américaines fourniront aussi rapidement que possible le nécessaire à celles des troupes françaises qui se joindront à elles pour s'opposer à tout accès de l'Afrique du nord française par nos ennemis communs. Le gouvernement américain garantira soldes et allocations, indemnités de décés et pensions à ceux des Français, officiers, sous-officiers de terre et de mer, ainsi que fonctionnaires civils qui se joindront aux forces expéditionnaires américaines. Pour éviter tout heurt, l'expédition américaine ne comprendra aucune des forces du général De Gaulle...
Cette directive contenai t les germes d'une déception pour les Français, donnant l'impression que l'expédition était entièrement américaine bien que ses organisateurs eussent pleine conscience qu'elle dépendrait dans une LARGE MESURE des troupes britanniques... Grâce au général DONOVAN, dit "BILL le sauvage", Murphy put disposer enfin des derniers appareils de transmission sophistiqués et légers. Dont un fut installé dans le grenier du consulat général de Casablanca, dont les fonctionnaires s'inquiétèrent de cette contravention aux règlementsde l'administration civile américaine...!!!
Pearl Harbour avait rallumé les espoirs de certains patriotes français (enfin une petite minorité...) néanmoins, durant les onze mois suivant, pas un jour ne passa sans que Murphy et son équipe ne reçoivent des offres de collaboration; certaines raisonnables, d'autres absolument inacceptables (...) Les mobiles de ces Français étaient divers(...) Une minorité était royaliste, espérant rétablir la monarchie pour le Comte de Paris (.nous verrons commen tils étaient organisés par les Britanniques en un commando style BUCKMASTER, ce qu'ignoraient les Américains...) Beaucoup supportaient la république promise par De gaulle. Une majorité continuait à défendre ouvertement l'Etat autoritaire de Vichy. Un seul lien liait cependant tous ces patriotes, le désir de vaincre l'Allemagne et l'Italie et libérer la France... Ils conspirèrent donc pendant près d'une année avec cette équipe américaine "infiltrée"... Un bloc de 500 résistants s'était organisé autour d'un noyau baptisé "groupe des cinq (?) permettant les contacts avec la résitance clandestine d'Alger. Ils recrutaient au Maroc, en Tunisie et dans le reste de l'Algérie. Il y avait également un groupe " occulte" de gaulistes drigé pa rCAPITANT, imprimant et distribuant le journal clandestin COMBAT. Une méfiance existait entre les CINQ et les gaulistes.
En 1942, les Américains étaient surtout préoccupés par le contrôle de la mise sur pied de l'appareil militaire français fort de 125000 hommes entrainés et expérimentés. (terre, marine et aviation comprises) auxquels s'ajoutaient environ 200000 réservistes en grande partie arabes. Les officiers de marine et aviateurs étaient en majorité anti-gaulistes ainsi que bon nombre d'officiers de l'armée de terre, avec lesquels j'ai combattu dans un régiment algérien glorieux (7° RTA) où la majorité des cadre s étaient encore vichystes au moment du débarquement en Provence...
Durant cette même année les activités du groupe des cinq devenant de plus en plus subversives sa clandestinité fut de moins en moins assurée. Une petite minorité de Français nazis voyait grandir ses craintes quant à l'avenir....Les mouchards et corbeaux de l'Axe se glissaient partout... Certains pro-américains furent arrêtés et fusillés après jugement sommaire (de la police de Vichy). Murphy et les siens redoutaient les extrêmistes de Vichy dont les MILICIENS. Ainsi, de nombreux subalternes sabotaient-ils discrètement les dispositions prises par leurs chefs... Il n'était pas facile d'évoluer et de collaborer avec cet éventail de Français d'origines aussi disparates dont la "légéreté habituelle" (archives américaines) était aggravée par des sentiments complexes: conscience de leur défaite, humiliation, exil, etc. Mais sans leur généreuse assistance, rien n'aurait été possible (archives).
Il est impossible de pouvoir rendre hommage à tous les patriotes ayant facilité le débarquement . Le poste spécial créé pour Weygand en 1940 , supprimé en 41, fut occupé par un "homme" à DARLAN, l'amiral Raymond FENARD. Faute de prise sur le sommet,, il fallut passer au crible l'attitude d'un grand nombre d'officiers de marine et de terre, afin de pouvoir les classer en ADVERSAIRES ou ALLIES éventuels, voire en INDECIS... Contre toute vraisemblance , MURPHY espérait encore en 1942, rallier à la cause, le résident général du Maroc, Auguste NOGUES, général à 5 étoiles. ce général plein de sagesse, dont l'expérience marocaine s'étendait sur plusieurs dizaines d'années, à qui tous les problèmes compl exes du pays étaient familiers aurait été d'un appui d'une valeur inestimable s'il y avait consenti ( dixit Murphy)
Lorsque Murpy dans une ultime tentative pour le convaincre ,lui demanda ce qu'il ferait si une force américaine de 500OOO HOMMES bien équipée, avec avions, chars , artillerie et flotte de guerre débarquait, NOGUES eut une réaction explosive: (( Si vous le faites , je vous opposerai toute la puissance de feu dont je dispose.La France ne peut plus participer à cette guerre (...) )) Ce qu'il fit, provoquant de lourdes pertes inutiles. La défense de la côte maritime d'Afrique du Nord incombait à la marine aux ordres de l'amiral MICHELIER, qui donna donc du fil à retordre aux envahisseurs...qui coulèrent plusieurs unités...
Les Américains se tournèrent alors vers le général Emile-Marie BETHOUART, qui n'était que divisionnaire à Casablanca, qui entreprit courageusement de neutraliser son supérieur dans la nuit du débarquement. Malheureusement , pas fait pour cet emploi , il laissa s'évader Noguès... qui organisa la résistance! Noguès posait un grave problème, celui d'un trop puissant adversaire, mais l'amiral DARLAN était bien plus inquiétant. Détenant tous les pouvoirs il pouvait être beacoup plus nuisible.
A suivre